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Bientôt une 3ème division professionnelle pour le football français ?

Dernière mise à jour : 12 juin 2024

Aujourd'hui, en France, deux divisions sont professionnelles : la Ligue 1 et la Ligue 2. Elles sont composées de 38 clubs professionnel (bientôt 36 car la ligue 2 va évoluer à 18 clubs dès la saison prochaine). Cependant, une autre division accueille chaque saison des clubs au statut professionnel : le National. Si ce championnat n'a pas le statut professionnel, il s'en y approche grandement. En effet, cette saison 9 clubs (sur les 18 du championnat) étaient professionnels : Dijon, Châteauroux, Nîmes, Le Mans, Orléans, Red Star, Sochaux, Niort et Nancy. L'ensemble de ces clubs ont un passé plus au moins lointain avec les deux championnats de la LFP (Ligue de Football Professionnel) comme Sochaux, pensionnaire de Ligue 2 lors de la saison 2022-2023, ou Dijon et Nîmes qui évoluaient en Ligue 1, il y a 3 ans. Chaque saison le championnat de National se rapproche du football professionnel. De quoi convaincre la LFP et la FFF (Fédération Française de Football) de le transformer en une Ligue 3 ?



En Septembre dernier, Les président des clubs de la 3ème division française se sont réunis et ont bien montré devant le président de la FFF, Philippe Diallo, leurs volontés que le National devienne une ligue 3. Suite à cette réunion, dans une déclaration commune, les présidents des clubs du 3ème échelon du football français ont déclaré que le championnat de National "est devenu un fournisseur de talents réguliers de nos clubs de l'élite et même de l'Equipe de France." Pour affirmer leurs propos, il y a de nombreux exemples comme celui de Randal Kolo Muani (PSG - Equipe de France), qui évoluait en National il y a 4 ans à l'US Boulogne. Un autre exemple plus récent est le jeune joueur angevin : Esteban Lepaul, qui jouait encore en début de saison à Epinal, en National.


Stade Raymond Kopa, Angers SCO vs AC Ajaccio, le 04/03/2024.

Pour renforcer leurs propos les présidents des clubs de National ont mis en avant l'attractivité du championnat en affirmant que celle-ci "se renforce chaque saison encore davantage avec notamment une audience moyenne qui a crû de 50% la saison dernière et une fréquentation stade, en ce début de saison, qui explose avec plusieurs matchs par journée entre 5 000 et 15 000 spectateurs", des affluences parfois plus importantes que certains matchs de Ligue 1.

Stade Gaston Petit, LB Châteauroux vs FC Martigues, 29/03/2024.

Le passage à un championnat professionnel ferait un bien fou aux finances des clubs de National. En effet, aujourd'hui dans le football les droits de diffusions achetés par les diffuseurs (Canal+, Prime Vidéo, L'Equipe, Bein Sport...) permettent un apport financier important dans les budgets des clubs, jusqu'à en représenter la moitié dans certains cas. Les droits de diffusions sont devenus tout simplement essentiels à la survie des clubs et c'est bien là le problème. Dans le championnat de National, la diffusion des matchs est assurée par la fédération via leur plateforme FFFTV (pour la grande majorité) ainsi que Canal+ et DAZN. Si il y a bien des diffuseurs privés, ils restent minoritaires et ne diffusent que 2 rencontres sur 10 par journée, apportant donc un faible revenu à la fédération. Par conséquent, comme l'affirme le président du Mans FC, Thierry Gomez, dans un entretien à Ouest-France en Octobre dernier, le championnat de national "est la seul division où des clubs ne vont toucher aucune aide, alors qu'en contrepartie on va payer un droit d'inscription. En sachant que celui du National est quasiment le plus élevé : 50 000 €. En Ligue 2, le droit d'entrée n'est que de 18 000 €. En Ligue 1, certes, c'est 54 000 €. Mais derrière, les clubs ont entre 13 et 40 millions de droits télé. Il y a donc de forts déséquilibres. On a été oublié dans la réforme."

Logo du National depuis 2017. Source : Wikipédia.

De plus cette saison encore, il y a eu 6 relégations soit 1/3 des clubs évoluant dans le championnat à cause de la réforme de la Ligue 1 et de la Ligue 2 (passage de 20 à 18 clubs). Ces relégations excessives entrainent parfois des clubs au plus bas comme le CS Sedan Ardennes "qui a prit une balle perdue" selon Thierry Gomez. Certains exemples plus récents, comme Châteauroux ou Nîmes qui ont lutté dans les dernières journées du championnat pour leur maintien (sportif). Ces exemples montrent le risque que courent certains clubs, qui en cas de descente en National 2 (4ème division) perdraient notamment leur statut professionnel et leur centre de formation, ce qui serait une grosse perte pour ces clubs.


Comme affirmé plus tôt, la moitié des clubs de National sont professionnels, les joueurs de ses clubs sont donc sous contrat pro, ce qui leur permet de bénéficier du droit à la retraite et au minimum salariale. Les joueurs fédéraux (évoluant dans les 9 autres clubs de National) ne bénéficient pas de ces droits, ce qui peut créer un fort déséquilibre entre les clubs dans le recrutement.


Mais ce n'est pas tout, les clubs fédéraux possèdent de moins bonnes structures, or la qualité des structures est importante pour les performances des athlètes, créant une nouvelle fois un déséquilibre. Mais ces infrastructures ont un coût pour les clubs professionnels et ne correspondent souvent plus au championnat de National.


Enfin, comme le révèle Thierry Gomez, "on est dans un championnat hybride aujourd'hui, avec des déséquilibres à tous points de vue sur les contrats, sur les aides, les droits. Il y a des exemples concrets : aujourd'hui, en National, le club qui va toucher le plus d'aides, va en toucher 1,4 million d'euros. Ceux qui touchent le moins, par contre, c'est 0 euro. Le Mans FC, cette saison, ne touche rien, comme les clubs d'Orléans et du Red Star. Ce n'est pas normal."

Logo du Red Star, club bénéficiant du statut professionnel.

Alors que de nombreux pays ont désormais une 3ème division professionnelle comme l'Angleterre (EFL League One) l'Allemagne (3. Liga), la nécessité de la création d'une Ligue 3 pour le football français n'est plus à prouver. Aujourd'hui, les droits de diffusion représentent un budget important pour les clubs de football, ils deviennent même essentiel pour de nombreux clubs qui sans ce revenu important ne pourrait pas supporter la charge financière d'une saison dans le haut niveau. Les clubs de National ne bénéficiant pas cette aide, de nombreux clubs sont dans des situations financières très compliquées. De plus, le championnat de National présente de nombreux déséquilibres entre les clubs fédéraux et professionnels : aides financières, qualité des infrastructures, statut, contrats... Reste à convaincre la FFF, la LFP et les 38 clubs de la Ligue 1 et Ligue 2 de créer cette 3ème division professionnelle pour réduire les déséquilibres de ce championnat et améliorer l'état des finances des clubs de National.



Rédacteur : Esteban COLIN.


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