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Les réfugiés climatiques face à la disparition du Tuvalu.

En novembre 2023, l'Australie a signé un accord historique avec le Tuvalu, pays insulaire d'environ 11 000 habitants situé en Océanie, pour faire face à la montée des eaux dans l'Océan Pacifique.


Localisation du Tuvalu. Source : Wikipédia.
Localisation du Tuvalu. Source : Wikipédia.

Dans cet accord nommé l'Union Falepili, l'Etat australien s'engage à délivrer 280 visas par an pour faire venir les Tuvaluans fuyant la submersion progressive des îles constituant le pays.

En effet, le Tuvalu est un des pays les plus touchés par ce phénomène causé par le dérèglement climatique. Selon les scientifiques, l'archipel tuvaluan pourrait être complètement inhabitable d'ici 80 ans, avec de nos jours, 2 de ses 9 atolls coralliens qui se sont déjà retrouvés submergés ces dernières années.


Croissance de la population tuvaluane depuis les années 1960. Source : Wikipédia.
Croissance de la population tuvaluane depuis les années 1960. Source : Wikipédia.

C'est donc cet été que l'inscription des candidats à l'émigration a eu lieu, cumulant au total un nombre de demandes représentant environ 80% de la population du pays. Ce taux impressionnant témoigne donc de l'urgence climatique à laquelle de nombreux pays, souvent de petite taille et de faible capacités économiques, font face aujourd'hui.

L'Australie est censé garantir des logements et des propositions d'emploi pour les citoyens tuvaluans qui arriveront sur cette fin d'année 2025, même si par conséquent, comme le soulignent certaines analyses, notamment celle du géographe John Connell, l'exode des travailleurs qualifiés pourrait menacer le marché de l'emploi au Tuvalu, qui base essentiellement son économie dans le domaine de la pêche.

Au sein de ce traité, l'Etat australien s'engage également à apporter une défense face à une éventuelle agression militaire, une pandémie sanitaire ou face aux catastrophes naturelles en plus de garantir la reconnaissance de l'État Tuvaluan après la disparition du territoire sur lequel cet Etat applique son autorité.


Le traité signé par le premier ministre australien Anthony Albanese et son homologue de Tuvalu Kausea Natano, jeudi 9 novembre 2023. — © BEN MCKAY / keystone-sda.cr
Le traité signé par le premier ministre australien Anthony Albanese et son homologue de Tuvalu Kausea Natano, jeudi 9 novembre 2023. — © BEN MCKAY / keystone-sda.cr

D'après un rapport de l'IFRI, l'Australie a en outre obtenu de nombreuses concessions concernant certains aspects de la souveraineté du Tuvalu, ce qui aurait donné lieu a une nouvelle notion nommée la « souveraineté collective ». Par exemple, l'union signée inclut également le fait que le gouvernement tuvaluan doit désormais demander l'accord de l'Etat australien avant de conclure des partenariats de sécurité avec d'autres pays. De plus, l'Australie a maintenant accès à l'espace terrestre, maritime et aérien de l'archipel dans un contexte d'urgence spécifique.

Nous pouvons aussi ajouter que tout cela peut permettre de freiner une certaine influence chinoise, qui chercherait à s'implanter dans le Pacifique.


Le Yuzhao (LPD-998) du Type 071 accompagné de vedettes lance-missiles classe Houbei (Type 022). Source : Wikipédia.
Le Yuzhao (LPD-998) du Type 071 accompagné de vedettes lance-missiles classe Houbei (Type 022). Source : Wikipédia.

En somme, ce sujet concerne différents domaines, puisqu'il est relié au thème de l'environnement, en plus de mettre en lumière certains aspects importants qui caractérisent les différents enjeux des relations internationales.

C'est un acte qui permet donc à l'Australie d'étendre son influence et d'affirmer son statut de puissance régionale, malgré le fait que plusieurs observateurs soulignent leur inquiétude sur l'emprise que l'Etat australien peut avoir sur le Tuvalu, en particulier avec les relations internationales de l'archipel qui seraient encadrées.


Drapeau du Tuvalu (en haut) et de l'Australie (en bas).
Drapeau du Tuvalu (en haut) et de l'Australie (en bas).

Pour conclure, cet accord représente tout d'abord quelque chose d'historique puisque l'on annonce d'emblée la disparition totale d'un pays, lié ici au dérèglement climatique de la planète. C'est également la première fois de l'histoire que les réfugiés climatiques ont la possibilité d'obtenir un statut juridique en possédant un visa spécifique, et la toute première fois qu'un Etat s'engage à reconnaître la structure étatique d'un pays malgré la perte totale de son territoire.

On peut donc imaginer ce qui pourrait se passer sur le long terme concernant d'autres pays également menacés par le dérèglement climatique. Selon le GIEC, il s'agit d'environ 1 milliard de personnes qui seraient concernés par la montée des eaux.

En complément, ces actions entre ces 2 pays pourraient peut-être se généraliser au détriment d'une application plus stricte de la politique écologique. C'est un élément souvent mentionné, puisque beaucoup relèvent en parallèle la participation de l'Australie sur les émissions de gaz à effet de serre, liées entre autres à l'exploitation des mines de charbon.


Ressources énergétiques de l'Australie et principaux ports d'exportation en 2008. Source : Wikipédia.
Ressources énergétiques de l'Australie et principaux ports d'exportation en 2008. Source : Wikipédia.

Cet événement pose de nombreuses problématiques, particulièrement concernant le rôle que doivent jouer les pays développés pour assurer la transition écologique, la garantie de la pleine souveraineté des Etats malgré la forte influence des puissances mondiales, la place des réfugiés climatiques à travers le monde, la gestion des autres pays également menacés par le changement climatique, le traitement des réfugiés dans le pays d'accueil ou encore la manière dont doit être défini l'héritage d'un pays disparu.

La submersion du pays emportera avec elle toute une culture et toute une histoire en plus de servir de mise en garde sur ce qui peut se passer à travers le monde dans un futur proche.


Majid B.

Sources :


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15 nov.

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